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comment jeûner, ou veiller en prière, dans la foi et la dévotion sincère ?
La question centrale qui se pose est la suivante : comment jeûner, ou veiller en prière, dans la foi et la dévotion sincère ?
La réponse se trouve dans un hadîth du Prophète (paix et salut à lui) qui nous indique la meilleure façon de pratiquer le jeûne. D’après Abû Hurayra (que Dieu l’agrée), le Prophète (paix et salut à lui) a dit : « Le jeûne est un bouclier. Ne dites pas de paroles grossières et n’élevez pas la voix ; si quelqu’un vous provoque, répétez deux fois : je jeûne. Par Celui qui tient mon âme en Sa main ! L’haleine du jeûneur est plus agréable auprès de Dieu que le parfum du musc : il renonce à sa nourriture, à sa boisson et à ses désirs pour Moi. Le jeûne est pour Moi et c’est Moi qui le récompense, et chaque bonne action en vaut dix. »[1]
De même que l’agrément du jeûne par Dieu est lié au fait que l’acte Lui soit sincèrement voué, il est aussi lié à l’attachement du jeûneur au bon comportement requis durant le jeûne. Le jeûneur doit avoir l’intention de jeûner pour satisfaire Dieu, en recherchant uniquement Sa récompense et celle de nul autre.
Pour que le jeûne soit agréé, il faut également s’abstenir des péchés et des mauvaises actions. Le Prophète (paix et salut à lui) nous a vivement engagés à nous abstenir d’approcher toute transgression durant ce mois car cela invalide les actions pieuses. D’après Abû Hurayra (que Dieu l’agrée) le Prophète (paix et salut à lui) a dit : « Celui qui ne s’abstient pas de la tromperie et de la fraude, Dieu n’a nul besoin qu’il s’abstienne de manger et de boire. »[2]
C’est pourquoi les êtres vertueux s’efforcent toujours d’accomplir le plus parfaitement possible le jeûne obligatoire, recherchant ainsi la satisfaction divine. Ainsi, on disait à al-Ahnaf ibn Qays : « Tu es très âgé et le jeûne t’affaiblit. » Il répondait : « Je le considère comme un long voyage. Il est moins pénible d’endurer l’obéissance à Dieu que d’endurer Son châtiment. »[3]
Al-Hasan al-Basrî, soucieux pour ses compagnons, les exhortait à ne pas laisser passer l’occasion en négligeant le Ramadan. Passant près d’un groupe de gens qui riaient, il leur dit : « Dieu Tout-Puissant a fait du mois de Ramadan un champ de courses pour que Ses créatures y rivalisent dans l’obéissance. Les uns l’emportent et sont gagnants, les autres restent en arrière et sont perdants. Il est bien étonnant de voir des gens rire et s’amuser pendant que les gagnants remportent la course et que les perdants restent à la traîne. Par Dieu, si le rideau de l’Invisible était levé, celui qui aurait bien agi se préoccuperait de ses bonnes actions et celui qui aurait mal agi se préoccuperait de ses mauvaises actions. La joie du gagnant le détournerait de l’amusement et le regret du perdant lui fermerait la porte du rire. »[4]
De même, pour que les veillées nocturnes se déroulent dans la foi et l’espoir de la récompense divine, certaines règles de comportement doivent être suivies. Le musulman doit être convaincu que la veillée nocturne est pour lui une aide, une provision divine par laquelle Dieu l’aide à se maintenir fermement dans l’islam et à accomplir son devoir d’appel à Dieu. Dieu dit : « Passe la nuit en prière, sauf une petite partie ; la moitié ou un peu moins, ou davantage, et récite avec soin le Coran. Nous te ferons parvenir une parole grave. Se lever la nuit (pour prier) est plus efficace et plus propice à la récitation. »[5]
Le musulman a la conviction que Dieu réserve un traitement de faveur à celui qui se tient devant Lui en prière durant les quelques heures du cœur de la nuit, et qu’Il lui prodigue Ses dons. D’après Jâbir (que Dieu l’agrée), le Prophète (paix et salut à lui) a dit : « Il est des heures durant la nuit auxquelles tout musulman demandant à Dieu quelque bienfait se le verra accorder. »[6]
Pour que la veillée nocturne soit accomplie dans la foi et l’espoir de la récompense divine, il faut avant tout qu’elle soit prolongée, afin de savourer le plaisir de réciter le Coran et de se tenir devant Dieu en prière. Al-Fudayl a dit : « J’entame la veillée en redoutant la longueur de la nuit, puis je commence à lire le Coran et le matin arrive sans que mon désir soit assouvi. »[7]
Il s’agit donc de prodiguer ses efforts pour endurer la veillée nocturne jusqu’à obtenir la satisfaction divine. Al-Hasan al-Basrî a dit : « Je ne connais pas d’action plus exigeante que d’endurer la veillée nocturne et de dépenser de ses biens. »[8]
Il faut également méditer profondément les versets que l’on récite, qu’ils soient nombreux ou pas. Ceci n’est nullement en contradiction avec ce que nous avons dit sur la longueur souhaitable de la veillée. Le musulman peut en effet veiller la nuit durant en récitant un seul verset. Ainsi, Abû Dharr (que Dieu l’agrée) a rapporté que le Prophète (paix et salut à lui) a veillé jusqu’au matin en répétant dans ses prières un seul verset : « Si Tu les châties, ils sont Tes serviteurs ; et si Tu leur pardonnes, c’est Toi qui es le Puissant, le Sage » (sourate 5, al-Mâ’ida, verset 118).[9]
On rapporte également que Mâlik ibn Dînâr (que Dieu l’agrée) a prié toute une nuit en répétant jusqu’au matin le verset : « Ceux qui ont fait le mal pensent-ils donc que nous les traiterons comme ceux qui ont cru et fait le bien… » (sourate 45, al-Jâthiya, verset 21).[10]
[1] Al-Bukhârî, Livre du jeûne, chapitre : « Le mérite du jeûne » (1795).
[2] Al-Bukhârî, Livre du jeûne, chapitre : « Celui qui ne s’abstient pas de la tromperie et de la fraude durant le jeûne » (1804) ; at-Tirmidhî (707) ; Abû Dâwud (2362) ; an-Nasâ’î (3245) ; Ibn Mâjah (1689) ; Ahmad (9838).
[3] Abû Hâmid al-Ghazâlî, Ihyâ’ `ulûm ad-dîn, 1/236.
[4] Abû Hâmid al-Ghazâlî, Ihyâ’ `ulûm ad-dîn 1/236.
[5] Sourate 73, al-Muzammil, versets 2-6.
[6] Muslim, Livre de la prière du voyageur et de son abrègement, chapitre : « Il est des heures durant la nuit où les prières sont exaucées » (757) ; Musnad d’Ahmad (14788).
[7] Abû Hâmid al-Ghazâlî, Ihyâ’ `ulûm ad-dîn 1/355.
[8] Mukhtasar qiyâm al-layl d’al-Marwazî p. 58 ; Abû Hâmid al-Ghazâlî, Ihyâ’ `ulûm ad-dîn 1/355 ; Ibn al-Jawzî, Adâb al-Hasan al-Basrî, éd. Sulaymân al-Harash, Dâr an-Nawâdir, 3ème éd. 1428H/2007, p. 34.
[9] An-Nasâ’î, Livre des caractéristiques de la prière, chapitre : « La répétition d’un verset » (1083) ; Ibn Mâjah (1350) ; Ahmad (21366) – selon Shu`ayb al-Arnâ’ût, la chaîne de transmission de ce hadîth est bonne ; al-Hâkim (879) qui le définit comme un hadîth authentique non rapporté par al-Bukhârî et Muslim – confirmé par adh-Dhahabî ; classé comme bon par al-Albânî dans son commentaire d’Ibn Mâjah.
[10] Abû Hâmid al-Ghazâlî, Ihyâ’ `ulûm ad-dîn, 1/355.
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